Mécanique, série noire et plus si affinité.

Je suis rentrée d’Europe début octobre à San Francisco, comme tous ces apéros avec les potes et ce glandage parisien allait sacrément me manquer, je me suis lancée à corps perdu dans un nouveau projet.

Reprendre mes études? Déjà ici c’est juste démentiel niveau tarif, ensuite j’ai mon bac, il m’a pas servi à grand chose jusqu’à présent alors j’ai décidé de passer mon permis (je pense honnêtement que ce diplôme peut m’être utile) (pour les homicides involontaires par exemple).

Deux semaines après mon arrivée je passais le code. Ici tu révises tout seul, il n’y a pas à proprement parlé d’auto-école. J’ai fait des tests sur internet, j’ai à peine lu le code de la Californie (putain c’est tellement chiant ce truc). Je suis allée à l’examen super détendue du gland. Un peu trop j’imagine puisque je l’ai loupé 2 fois (Tu peux le repasser dans les 10 minutes qui suivent, 3 fois, après tu repaies et tu refais une photo et tu recommences). Sauf que moi je suis une grosse feignasse alors je suis sortie fumer une clope au 2e échec et quand je suis revenue dans la salle d’exam j’ai « décidé » que j’aurais mon code. Et je l’ai eu (c’est marrant parce que j’avais décidé que j’aurais des gros seins et que je dirais toujours des trucs intelligents, eh bah c’est jamais arrivé).

J’ai pris des cours de conduite avec mon mec en guise de prof (bad, bad idea). Pareil, tu peux apprendre à conduire avec un prof particulier à 100 boules de l’heure ou bien demander à ton mec (= une nouvelle façon de s’engueuler) ou à des potes. Huit ou neuf heures de cours plus tard j’ai décidé que je n’attendrais pas 2015 (je la sens pas cette année) alors j’ai passé mon permis avant le jour de l’an. Les deux jours précédents l’exam, j’étais muée dans un silence pesant, ça s’appelle la tétanie. Pour me redonner un peu confiance en moi, mon mec a proposé d’aller conduire un peu et de réviser les grandes lignes de ce que l’on me demanderait à l’exam. Ça c’est bien passé, nonobstant le fait que j’ai fini par arrêter la voiture dans une rue en le traitant de connard et d’aller prendre la place du passager. D’un commun accord on a pensé que ce ne serait pas du plus bel effet le jour J.

J’ai fait zéro faute. Je ne sais pas ce qu’il s’est passé exactement, parce qu’en général je rate à peu près tout ce que j’entreprends , ce qui entretient mon rôle de victime et bon, avouons-le sans ambages, j’aime bien.

Bref, deux semaines plus tard je dépose ma copine L. parce qu’elle était à la bourre. Je suis en pyjama, j’ai une envie de pisser venue d’une autre dimension, je marque mon stop, je redémarre et je percute une voiture. Je défonce mon pare-chocs (je dis « mon » parce que j’ai décidé que cette voiture était à moi seule), et deux ou trois autres broutilles pour la modique somme d’un nichon (je te laisse te référer au court du nichon). J’ai littéralellement détruit la voiture adverse. Tout porte à croire que je ne me suis pas du tout arrêtée à ce Stop… Quand je sais que j’ai tort et que tous les regards sont posés sur moi, en général j’ai toujours la même attitude : Je chiale.

Déjà ça occupe le flottement du temps qui s’arrête, ensuite ça me laisse le temps de préparer un réquisitoire sur le pourquoi du comment rien n’est de ma faute puisque je suis une grosse victime. Là, de surcroît, j’étais pas coiffée, en pyjama liberty, un gilet jaune et une marinière corail et mes grosses lunettes qui me font ressembler à Jeff Goldblum. Avec le recul c’était pas plus mal que je ne sois pas maquillée non plus.

La meuf de l’autre voiture m’a hurlé dessus, j’ai pas relâché mes efforts, j’ai pleuré plus fort, puis j’ai appelé les flics pour qu’ils me mettent en prison. Pour mémoire, je ne comprends rien à ce qui est potentiellement grave ici. Exemple : fumer une clope c’est grave, fumer un joint c’est cool. La peine de mort n’ayant pas été abolie en Californie, j’ai préféré me rendre de moi-même en comptant bien sur le fait que ça pourrait attendrir le jury (quitte à passer en jugement en pyjama, rien ne m’arrête). C’était le Groundhog Day, ce genre de chose ne s’inventent pas.

tumblr_inline_na1wc3P8RY1s9x8us

Deux jours plus tard nous avions prévu de partir en road trip avec L. alors on a scotché le pare-chocs au chatterton et on est parties toutes les deux à l’aventure (Santa Barbara). C’était l’occasion rêvée pour moi de nous tuer sur l’autoroute. Il se trouve que ça c’est bien passé (le premier jour) ensuite nous sommes passées par Big Sur (en gros c’est une très belle côte d’un coté et la montagne du Mordor de l’autre). Comme l’aventure était au rendez-vous j’ai roulé sur des cailloux pointus (suite à un éboulement) et j’ai crevé un pneu. Il pleuvait, la nuit allait tomber, j’avais ni batterie, ni data et on ne trouvait pas la roue de secours (Mais on avait un gros rouleau de Chatterton et des clopes).

Si un jour je vous propose qu’on parte en vacances ensemble, dites non tout simplement, je n’en prendrais pas ombrage.

tumblr_mhqstxqs4i1rknrf9o1_500

Apres moult pérégrinations, personne ne s’est arrêté pour nous dépanner. On a fini par comprendre qu’il n’y avait pas de roue de secours mais qu’on pouvait continuer à rouler pendant 100 Miles, sachant qu’on devait en faire 150, à une vitesse réduite avec la roue crevée.

Après trois heures à rouler à moins de 40MPH sur la galette, en montagne, en pleine nuit sous la pluie battante, la brume s’est invitée. Il ne manquait plus que les loups. Il n’y avait pas une super ambiance dans la voiture curieusement, A tel point que pour une fois L. avait cessé de prendre des photos toutes les nano-secondes.

Vous imaginez bien que j’avais au préalable réservé un hotel. Ce que je n’avais pas prévu c’est que je ne me souviendrais plus de son nom (je ne parle même pas de son adresse) et comme je l’ai dit plus haut, je n’avais plus de batterie (pourquoi emmener de quoi recharger son téléphone en voiture?). On a finalement trouvé notre hôtel (J’avoue que je ne saurais trop vous expliquer comment), la roue à été changée en 20 minutes le lendemain matin. L. a recommencé a prendre à peu près tout en photo. Bref, Il nous tardait d’en découdre avec le reste du trajet.

Quelques heures après notre départ, la voiture « tousse » (attention j’emploie des termes de mécanique). Je m’arrête sous le déluge, j’enlève les 100 couches de chatterton qui tient le pare-chocs pour atteindre le capot et je mets de l’huile.

Là tu vas te dire que j’ai deux ou trois notions de mécanique. Que nenni. C’est beaucoup plus simple que ça : Je sais où est le trou où on met de l’huile et j’ai un bidon d’huile dans le coffre: association d’idées + envie de prendre une initiative. Bah tu me croiras ou pas, mais ça n’a pas marché! Quand tu penses que j’ai serré avec mon scooter parce que j’avais pas mis d’huile…

tumblr_luvbdfoJQM1qzft56o1_400

Là, j’avais pas de public pour ma grande scène de larmes et ça marche pas sur L. qui me connait trop bien pour, donc on a été manger un hot dog au cas où j’aurais une épiphanie entre temps ou que la voiture se réparerait toute seule. Manque de bol le hot dog était épicé et L. est allergique au piment. Elle a fait un début d’œdème de Quincke, dans la voiture qui toussait, sous la pluie. Là je vous avouerais qu’à cet instant précis, si elle avait sorti son appareil pour prendre une photo, j’aurais eu la meilleure photo de profile ever pour Facebook.

J’ai commencé à me dire que ce road trip partait un peu en couilles, et ce, malgré mon incroyable goût de l’aventure et de légendaire optimisme.

Il nous restait environs deux heures de route pour rentrer et l’avion de L. était dans 6 heures, tout était possible compte tenu du temps qui nous était alloué pour exterminer définitivement notre amitié la voiture.

citroen2cvazlm3fk5.2717

Nous voici reparties sur l’autoroute du rire, quand tout à coup la voiture se mit à éructer. Mon sang n’a fait qu’un tour et nous nous sommes retrouvées sur la bande d’arrêt d’urgence. L. a immortalisé cet instant avec une très jolie photo de moi, qui, à court d’idée, remit de l’huile dans la voiture. Cette dernière refusant obstinément de redémarrer j’ai dû me rendre à l’évidence, l’huile, ça sert à rien il me fallait contacter une dépanneuse (je baragouine vaguement anglais et je n’avais pas la moindre idée d’où nous nous trouvions). Finalement on nous a envoyé du secours. Le dépanneur nous a regardé avec ce que j’ai interprété sur le moment par de la solicitude, mais avec le recul je pense que c’était juste un vague fond de pitié.

J’aimerais vous retranscrire un peu du panache de notre arrivée triomphante avec la dépanneuse, moi tentant d’expliquer au dépanneur où se garer tandis que L. prenait frénétiquement absolument tout en photo (elle a fait un film du paysage de l’autoroute depuis la dépanneuse) (j’avais envie de la tuer), de la voiture recouverte de chatterton tractée derrière la dépanneuse et mon mec devant la maison qui nous attendait les bras croisés. Au cas où vous vous poseriez la question : Oui L. a immortalisé ce moment.

C’est le moment de vous avouer que L. s’était planté, en fait son avion était le lendemain… On a donc eut tout le loisir ce soir-là de regarder les 1300 putains de photos qu’elle avait prise lors de nos trois jours d’angoisse de vacances. Et de se remémorer le cauchemar que fut mon premier road trip en qualité de conductrice.

C’est tout pour aujourd’hui.